Maroc - LE TEMPS - Tous - 21/Feb 07:58

Piers Faccini & Ballaké Sissoko, la musique des zones franches

L’Italo-Anglais Piers Faccini et le Malien Ballaké Sissoko se connaissent depuis vingt ans. Ils publient un premier album commun qui se joue des traditions, à découvrir à Antigel, puis au Cully Jazz Festival et à Plan-les-OuatesCe qu’ils partagent, c’est peut-être la distance. Piers Faccini et Ballaké Sissoko ont quitté leur lieu de naissance, respectivement l’Angleterre et le Mali. Le premier vit dans les Cévennes au fond d’une route où les arbres font des labyrinthes et les oiseaux des symphonies. Le deuxième plutôt en banlieue parisienne, là où sa musique venue de l’Empire mandingue fendille le béton. Ensemble, dans leur premier album commun, ils dessinent un espace tiers, un havre qui défie les identités assignées. Aujourd’hui plus que jamais, leurs chansons s’écoutent comme une zone de paix.Ils se croisent depuis vingt ans, depuis que Piers Faccini enregistre son grain feulé pour des labels français. On se souvient, en 2006 chez Label Bleu, du morceau If I; dans un blues plein de tension et d’harmonica, surgissaient soudain les 21 cordes de la kora de Sissoko qui mettaient de l’eau pure sur un moteur trop chaud. Toute l’éthique de Faccini transparaissait déjà: il n’invite pas un musicien africain pour la couleur locale mais pour l’impact qu’il aura sur la narration. Il n’invite d’ailleurs pas un musicien africain, mais l’un des plus prodigieux interprètes de son temps, surdoué du silence même dans le déferlement des notes.Voir plus